Projet – Réhabilitation d’un château à destination d’un écolieu dédié à l’agriculture diversifiée.
I. EMPLACEMENT DU PROJET : CAGNES-SUR-MER
A) Contexte.
Actuellement, ce terrain comprend plusieurs bâtisses ainsi que de multiples extensions et annexes construites à différentes époques dont la plus ancienne est datée du XVIe siècle. Les deux bâtis nord et sud implantés en haut du chemin, corps du site formant un patio en leur centre, ont été classés par la commune comme remarquables. La bâtisse actuelle serait donc datée du XVIe siècle.
B) L’environnement physique.
Le terrain présente une pente générale d’Ouest en Est avec un dénivelé relativement important de 30m entre le point le plus haut et le point le plus bas. Il est caractérisé par trois plates-formes dont deux attachées aux bâtis principaux dessinant deux niveaux.
II. DESCRIPTION DU PROJET :
A) Justification urbanistique.
Il s’agit d’un site à forts enjeux public et privés. Le projet a pour ambitions :
- la création d’une agriculture diversifiée et biologique ;
- la protection de l’environnement et le développement de la biodiversité ;
- l’ancrage dans le territoire ;
- la création de lien social notamment en faveur des personnes vulnérables et d’activités d’utilité publique comme les formations liées à l’agroécologie, l’éducation à la nature et la médiation équine;
B) Les caractéristiques du projet.
Le projet consiste :
- en la réhabilitation des bâtiments existants à destination de logements destinés à des personnes qui contribueront au fonctionnement du lieu ;
- en l’aménagement des espaces intérieurs pour une accessibilité inclusive;
- à la création de deux serres agricoles bioclimatiques accolées aux bâtis existants et d’une serre agricole bioclimatique formée par un dôme géodésique proche des bâtis, toutes à destination de l’exploitation agricole diversifiée (dont, formation, de production de chaleur…) ;
- à la démolition du mur principal aveugle du versant nord permettant l’ajout d’une extension et la rehausse de sa toiture ;
- à la rehausse du patio central ;
- à la démolition des balcons et escaliers ne correspondant pas au caractère originel du bâti et disposés sur la façade principale ;
- à la reconstruction d’une zone de stockage ;
- en l’aménagement des zones extérieures.
L’ensemble représente une surface de plancher de 600 m².
C) Implantation – Organisation – Composition et volume.
Le concept d’intervention dans les bâtiments composant l’ancienne ferme vise à revenir au concept original de « mas ».
Dans cette région, le nom « mas » fait référence à une exploitation agricole traditionnelle qui comprend les terres et les bâtiments agricoles et résidentiels.
Le mas a un caractère identitaire dans ce territoire, il a historiquement un fonctionnement autonome et durable, il est intégré dans le paysage et il est alimenté par lui sans générer d’impact. Il est écologique et durable par essence.
L’objectif est de pousser le concept bioclimatique vernaculaire jusqu’au bout, non seulement en tenant compte des aspects originaux préexistants, du respect de l’environnement, du climat et de la lumière, de l’orientation, du confort des usagers, de l’efficacité des interventions ainsi que de l’économie des ressources mais aussi en ajoutant le nécessaire pour la gestion du lieu afin qu’il puisse répondre en grande partie aux besoins d’un écolieu agricole, pédagogique et inclusif du XXIème siècle.
Les logements s’inscrivent dans les bâtiments préexistants d’une volumétrie en L et en barre formant un patio en leur centre. L’état de ruine et le délabrement des bâtiments existants présentent un danger aujourd’hui. L’intervention permettra de renforcer la structure existante et d’en assurer la pérennité.
Afin de gagner de l’espace intérieur permettant de répondre à la volonté de rendre la plupart des logements accessibles à tous, une extension est ajoutée sur le bâtiment du nord. La barre est sectionnée en son centre par une grande ouverture plein sud signalant l’entrée commune de l’édifice. En termes d’utilisation, cet espace est un point central de distribution pour desservir les espaces communs, le niveau des plates-formes haute et basse, l’accès au patio et l’ascenseur.
Son volume s’oriente face au paysage d’une zone de médiation équine. Cette façade au nord, travaillée avec son béton de terre (pisé) posé sur une assise maçonnée, rythme le parcours de l’usager par les vagues de damage formées. Les volets coulissant en bois extérieur par leur empreinte végétale font écho au paysage forestier naturel environnant.
La forme de cette barre est uniformisée par une toiture unique à deux pans dans le but de retrouver l’aspect originel compact du mas et de simplifier la réhabilitation rendue visible depuis l’espace public. La trame des ouvertures de la façade principale au sud est également conservée.
Afin de répondre aux enjeux d’un site de caractère agricole, deux serres bioclimatiques sont accolées aux bâtisses existantes. Leur volumétrie respecte l’équilibre architectural mis en place en s’intégrant par la forme et la nature de leur toiture afin de ne pas dénaturer les bâtisses existantes.
L’aménagement intérieur vise à rendre le bâtiment accessible à tous, à adapter les enceintes aux normes actuelles en matière d’efficacité énergétique et de protection contre le bruit, ainsi qu’à améliorer le thermique du bâtiment, la qualité de l’air puis le traitement et la récupération des eaux pluviales et grises de la totalité des bâtis. Tout cela, en préservant les éléments significatifs et identifiables de la construction existante, en soulignant les caractéristiques du bâtiment traditionnel auquel il répond et en intervenant de manière non invasive et respectueuse, à la fois en termes de matériaux et de techniques.
Les nombreuses restanques du site sont entièrement conservées. Dans un souci de simplicité et de préservation, l’aménagement des espaces intérieurs coïncide avec les différents niveaux du terrain évitant des interventions et transformations lourdes.
Le bâtiment prend sa place ainsi dans son époque, s’inscrit dans son lieu tout en conservant les principales caractéristiques de son passé.
D) Objectif énergétique.
La conception bioclimatique a été retenue pour la rénovation des bâtiments et la construction des serres. Elle permet de créer des habitats à très basse consommation d’énergie, qui n’utilisent que très peu, voire pas du tout, de sources énergétiques extérieures.
La conception bioclimatique propose de composer avec les éléments et d’habiter autrement c’est-à-dire en prenant en compte les caractéristiques topographiques, végétales et climatiques locales. L’objectif étant le confort en toute saison. Le lieu est dans un climat tempéré, type méditerranéen, c’est-à-dire avec des étés chauds et hivers doux.
En période froide, le but est d’apporter de la chaleur gratuite et de réduire les pertes thermiques notamment par l’apport naturel de la lumière et l’énergie solaire.
En période chaude, réduire les apports caloriques et apporter du rafraîchissement en optimisant dès la conception les ombres portées des toitures, l’inertie thermique des matériaux, les protections solaires par des volets naturels et en employant les sous-sols actuels pour rafraîchir les espaces intérieurs.
Des dispositions sont prises pour la récupération des eaux de pluie provenant des toits du bâtiment pour un usage d’irrigation agricole. Les toilettes et douches seront équipées de systèmes intégrés de réduction de la consommation d’eau.
Le choix des matériaux est aussi pensé pour respecter :
- un coût environnemental le plus faible possible,
- un choix des composants évitant une pollution intérieure,
- un coût raisonnable de l’entretien,
- une durabilité et une facilité à gérer la fin de vie du matériau.