Réaffectation du stade « Roi Baudoin » situé sur le plateau du Heysel, à Bruxelles et création de logements

Un symbole de l’habitat  au stade Roi Baudoin

Projet réalisé en troisième année de Bachelier dans l’Atelier Logement à la Faculté D’architecture de La Cambre-Horta.

Compte tenu du manque de logements dans la capitale belge, quelle stratégie la ville peut-elle adopter pour satisfaire à la demande croissante d’habitat? En termes d’utilisation de surface, est-il pertinent de conserver le gigantisme d’un stade national utilisé en moyenne trois jours par mois, face à la nécessité cruciale d’assurer un foyer à tous les citoyens ?

Situé sur le plateau du Heysel, le stade Roi Baudoin est entouré de bâtiments aux formes particulières et emblématiques tels que l’Atomium ou Brussels Expo. La fonction de l’habitat humain prend peu d’envergure sur le terrain. En partant de l’hypothèse qu’habiter la vitrine internationale de Bruxelles ne peut se faire qu’à travers une identité forte comme le serait un monument, le projet consistait à ne pas considérer le logement comme une fonction secondaire de ce lieu mais comme un symbole de l’habitat, essentiel à la vie du plateau.

L’homme de tous temps semble commencer par avoir tendance à habiter en priorité des sites au riche potentiel et d’où il peut dominer la nature. Au départ de ce point, il prend possession de cette portion du territoire en établissant un système de référence à partir de son propre corps. Le premier acte fondamental de toute existence consiste donc en la création de son lieu de vie. Par cet acte de possession, le territoire n’est plus un lieu inapprivoisable mais devient pour l’individu un paysage domesticable et appréciable au sein duquel il pourra étendre et développer son habitat.

JonathanRabbe-Perspective-Kiosque

Le projet consistait à construire sur le territoire du stade Roi Baudoin un lieu indispensable à l’être humain par la reconversion totale de la superficie du site en logements et  édifices qui assureraient le bien-être de ses habitants. L’urbanisme des logements s’implanterait suivant  le tracé de plusieurs cercles concentriques, tracés à partir de l’ellipse du stade actuel. Ceci aurait pour conséquence de créer des murs courbes, convexes et concaves, impliquant une notion d’habitat distincte des normes actuelles. Ce qui pourrait paraître comme une fantaisie couteuse et extravagante par sa forme s’avère être un symbole essentiel à l’existence et à la subsistance des futurs résidents. Comme toute géométrie, elle dispose d’un centre, ici choisi comme libre, ouvert à de nombreux usages, pour accueillir et non rejeter. C’est alors que le kiosque qui s’y implante prend un sens métaphorique, unissant cet espace de rassemblement et de convergence autour d’un même sentiment d’appartenance et d’unicité. Un lieu public autour duquel seraient implantés des édifices aux fonctions nécessaires à une micro-urbanité ; crèche, cafeteria, ateliers de cuisine et de vélo, serres d’agriculture etc. Un lieu qui favorisait l’humilité de l’Homme dans ce monde.
Par ailleurs, sur les ceintures extérieures seraient placés divers types de logements pensés suivant l’orientation, la topographie, le souci de diversification de ses occupants, mais aussi selon les harmonies sonores du kiosque qui résonneraient dans l’espace public créant une bonne connexion entre les éléments. Le rythme circadien de ses habitants pourrait dès lors s’établir de manière cohérente, singulière et harmonieuse.

JonathanRabbe-Perspective-Atomium

Dans la limite du cercle des bâtis est installée une piste de plusieurs kilomètres qui sert de parcours de santé en référence à la finalité sportive de l’ancien stade et s’étalant sur 360°. De même l’atelier vélo à l’intérieur du projet sensibiliserait la population à la mobilité douce. En effet, le plus grand cercle a une circonférence inférieure à dix kilomètres et permet donc de se balader aisément grâce à ce moyen de transport.

En partant du principe qu’un projet d’une telle dimension ne peut exister qu’en un lieu intrasocial et intergénérationnel, l’effort architectural réside principalement dans le déploiement d’une intense variété de typologies de logements. De cette façon, le projet s’ouvrirait à une population diversifiée: artistes, personnes âgées, étudiants, familles nombreuses, couples etc… pour du court ou long terme et s’éloignerait du caractère des grands ensembles ou des cités. Le lieu, voué à être constamment occupé par ses habitants, se veut accessible aux citoyens en général sans sélection ou discrimination, sans référence à la classe sociale ou au métier. De plus, les nombreux espaces collectifs – la typologie en duplex de certains, l’utilisation de renfoncement dans d’autres tels des jardins qu’on aurait greffés à chaque entrée – seraient autant de stratégies déployées pour redonner à la circulation un rôle d’espace de rencontre entre voisins.

Pour conclure, la réflexion autour de ce projet porte sur la question suivante : le « monument-habitat », symbole de l’habitat et partie intégrante du patrimoine culturel, ne pourrait-il pas ouvrir la voie aux biens communs et accessibles à tous, offrant à chacun le droit au logement et à l’épanouissement ?

Jonathan Rabbe,
écrits de jeunesse

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